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21/02/2023
La bande-annonce m'avait bien accroché et le film tient toutes ses promesses en déroulant un scénario prenant qui laisse de côté tout angélisme pour montrer ce que donne la théorie quand elle se confronte à la réalité.
En choisissant comme personnage principal un acteur encore peu connu, en créant autour de lui une galerie de personnages secondaires qui arrivent à exister malgré un temps de présence à l'écran limité, en déroulant un scénario à la fois classique tout en l'éclairant de manière peu conventionnelle, Steve Achiepo réalise un très bon film qui marquera mon rattrapage cinéma de cette fin de mois de février.
Comment vivre sereinement quand on a la chance d'avoir un toit, de quoi manger et même de voyager à travers le monde alors que la situation aux 4 coins du monde est pourrie : guerre en Russie/Ukraine, Ouïghour qui se font parquer par les Chinois, Talibans qui remettent les femmes à la maison et leur interdisent les études, Boko Haram qui enlève des femmes par dizaines, Tueries dans les prisons Équatoriennes, dans les écoles américaines, ... la liste ne compte même pas les phénomènes climatiques avec haiti qui reçoit encore un nouveau cyclone, les tremblements de terre en Turquie, le réchauffement climatique et ses diverses conséquences... et quand on regarde beaucoup plus proche de nous les personnes qui dorment dans le RER ou sous des arrêts de bus, dans le bois de Vincennes ou dans des centres d'hébergement prévus pour 50 et qui accueillent le double ou le triple de personnes. L'empathie, si elle n'est pas "maîtrisée" ne peut mener aujourd'hui qu'à se taper la tête contre les murs quand on observe le monde autour de nous.
Une fois que l'on a dit cela, qu'est-ce qu'on fait ? Voir grand c'est aller vers la noyade à 100%, mais voir petit est-il pour autant envisageable. Cela me fait penser au film "un monde meilleur" ou un petit gamin disait que si chacun faisait 3 bonnes actions le monde irait tout de suite bien mieux. Et avec une seule ? LE personnage principal qui sait ce que c'est que de galérer ne va pas vouloir se détourner de "tante Félicité" qui débarque chez sa mère le jour de l'anniversaire de cette dernière. Le film démarre par cette scène qui, comme quelques autres, est assez longue mais permet de rentrer dans l'univers de Djo, parfaitement interprété par Moussa Mansaly (déjà vu dans "Patients" et "La vie Scolaire" mais qui, là, bouffe vraiment la pellicule). La suite dressera un portrait sans concession de ce que propose l'état, les trafiquants divers et les réfugiés eux-mêmes. Personne ne ressortira indemne de cette radiographie qui pourra paraître désespérante et faire craindre que le spectateur ne soit encouragé à couper toute relation avec le monde extérieur au risque de se brûler les ailes*.
Voilà donc un film d'une noirceur surprenante ce qui risque de lui coûter cher au box-office où sa première semaine affiche à peine plus de 10 000 spectateurs mais sur 47 copies il faut espérer qu'elles tourneront et que le film fera ses entrées sur la longueur. En attendant, je vous le conseille car il m'a bien plus marqué que "Tar" dont on a fait tout un barouf ou que les comédies qui kidnappent actuellement le BO français (n'est-ce pas "Alibi 2" et "Asterix 5") !
*Un brin d'espoir ? En 2018, en France, 170 000 associations sont employeuses et 1,1 million sont non employeuses. Elles fonctionnent grâce à 2,2 millions de salariés et 21 millions de participations bénévoles (pour 67 millions d'habitants), un même bénévole pouvant s’investir dans plusieurs associations.
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